Pour ceux qui ne connaissent pas cette réplique culte d’Arletty, voici la scène originale : http://www.youtube.com/watch?v=6DKI0EP-RMA
Aujourd’hui, rendez-vous avec l’Atelier CHINOTTO, les talentueuses graphistes qui seront derrière notre visuel. Anne-Marie et Annie sont les bonnes fées qui travaillent à créer un lieu unique avec son identité bien à soi.
Voici un aperçu des “Tableaux d’atmosphère” et de notre matinée. Passionnant !
Hé, Céline, tu pouvais pas y arriver toute seule à créer une ATMOSPHÈRE, après tout c’est ton rêve au départ ?
Alors là, pour avoir des idées, pas de problème. Mais, pour en explorer une et rester sur le même chemin, c’est une autre histoire que je vous raconterai un autre jour, car j’en ai une très belle !
– Ben, pourquoi ne pas commencer tout de suite ?
– Ok …
” L’HOMME CHEVAL” de Céline Barbeau
Il était une fois, un couple dont l’enfant naquit avec des sabots à la place des pieds.
Gentil et plein d’enthousiasme, son plus gros défaut était de sauter d’une idée à l’autre sans en aboutir une seule.
À sa majorité, une Vieille femme très sage lui recommanda de s’aventurer dans la forêt pour devenir un Homme de la tête aux pieds.
Une condition fut posée : Lorsqu’il choisirait un chemin, il devrait aller jusqu’au bout.
Sans comprendre la difficulté de cette épreuve, notre Homme-Cheval avança dans les taillis. Bientôt, un chemin apparut, pailleté par la lumière qui traversait les branchages. Les premiers mètres furent aisés, mais, le prochain tournant dévoila un deuxième chemin, recouvert d’une mousse moelleuse. Hors, le chemin arpenté était semé de cailloux qui rentraient dans ses sabots. Sans réfléchir, l’Homme-Cheval sauta et continua sa route sur le chemin mousseux.
Les premiers mètres furent aisés, mais le prochain tournant dévoila un nouveau chemin. Celui-ci était protégé par une allée d’arbres majestueux qui diffusaient l’ombre et le calme. Hors, le chemin arpenté était balayé par les vents et le froid glaçait ses os. Sans réfléchir, l’Homme-Cheval sauta et … Tous les chemins disparurent. Il resta pétrifié, immobile à l’endroit où il avait sauté.
Où aller ? L’infinité des possibles rendait toute décision impossible.
Il resta sur place plusieurs jours, sa peau rétrécissant autour de ses os, les herbes folles poussaient entre ses pieds, un oiseau nicha dans sa chevelure peignée par le vent.
Un matin, la Vieille vint à sa rencontre, pleine de compassion. ” Tu as manqué ton épreuve mais il te reste une chance de quitter cette forêt en Homme. Aucun chemin ne se présente devant toi, alors, Creuses sous toi pour trouver ta direction ! ” Et, la Vieille disparut.
L’Homme-Cheval commença à creuser avec ses sabots, puis ses mains. Quelques mètres avaient été parcourus quand il déboucha devant une entrée baignée par le reflet des flammes. À l’intérieur d’une grotte, un feu crépitait. Tout autour, des créatures à tête de taupes s’affairaient à la préparation d’un festin. Les odeurs torturaient son estomac vide.
Il leva la jambe pour s’engager dans l’allée mais, se raisonna avant que son sabot ne touche terre. Puis, il reprit son cheminement.
Ses mains furent les premières à saigner, écorchées par les pierres qui jalonnaient sa descente. La terre qu’il avait déblayé formait maintenant une petite colline quand il déboucha devant une nouvelle grotte. Une lueur verte dansait au plafond.
Autour d’un lac coiffé d’une voûte en dentelles de pierres, des femmes dansaient, toutes à leur âme sauvage. Elles tendirent leurs bras, ondulant comme des mirages, invitant l’Homme-Cheval à les rejoindre.
Depuis, combien de temps n’avait-il pas touché un autre être humain ?
Son coeur fut le premier à bondir vers elles, mais sa raison, forte dans sa profonde tristesse, le retint. ET, il se remit à creuser. Pieds et mains en sang.
Quant il eut perdu la notion du temps, il déboucha devant une nouvelle grotte. L’Ombre et la Lumière alternaient à un rythme lancinant. Des formes ,ramassées comme des spirales de coquillages, semblaient dormir paisiblement. Le calme qui régnait, l’attente sans fin qui baignaient la scène, appelaient l’Homme-Cheval. Il avait dépassé ses limites depuis si longtemps …
Plus rien ne pouvait le retenir de marcher vers cette Nuit. Il s’allongea sur le sol sans chaleur, s’enfonçant dans la pierre comme dans le sable le plus fin.
Loin, très loin dans cette dissolution, un murmure aussi agaçant qu’un bourdonnement l’empêcha de s’endormir. Ses yeux s’ouvrirent, il se releva, lourd comme la pierre et reprit son cheminement, somnambule fou dans la nuit.
Quand la terre au-dessus de son trou eut la taille d’une montagne, il déboucha sur une grotte trouée par la lumière du jour. Cette lumière si franche lui brûla les yeux quand enfin, il vit. Sans peur, sûr de là où ses pas devaient se poser, il avança droit devant lui. Ses pieds se firent plus légers car ils s’appuyaient de leurs 5 doigts sur le sol, ses sabots avaient disparu.
Il était devenu un Homme.
— FIN —